Nous restons un couple d’heures sur la place de la mairie, le temps est variable cet après-midi mais assez doux, nous sommes en terrasse, nous bavardons, nous regardons les gens aller et venir, la camionnette du glacier et la file d’attente qui grandit à chaque éclaircie, des Africains vendent des brochettes à la sortie du métro, des enfants jouent sur le toboggan, des familles se photographient, un groupe de touristes passe à vélo, des boulistes font une pétanque sous les arbres, on entend la musique du manège, des personnes de toutes couleurs, de tous vêtements, de toutes religions, d’ici ou venues d”ailleurs, se croisent sur cette place parfaitement paisible, nous sirotons nos jus de tomate devant une carte postale animée, l’image idéale du vivre-ensemble. Je me demande si ça n’est pas moi qui vais mal quand je pense que ce pays va mal, puisque là, sous mes yeux, tout va très bien. Mais il y a les planches assujetties aux vitrines de la banque, aux distributeurs de billets, ces grandes planches jaunasses bouchant les vitrines de certains magasins, ces barrières plus loin, ces traces de brûlé sur le bitume.