Comme toutes, anéantie, sidérée, abasourdie par le meurtre de Nahel, à Nanterre, un ado, un enfant, abattu par la police. Ni oubli ni pardon dit la formule, elle est vraie. Sous toutes ses formes c’est un massacre de la jeunesse qu’organise ce gouvernement, de la jeunesse des classes populaires, de la jeunesse racisée. Toutes les mères s’angoissent quand leur fils quitte la maison, ce qui pourrait lui arriver dans la rue, les mauvaises rencontres, les accidents de la circulation. Les mères des quartiers ont aussi à craindre que leur garçon soit tué par la police, délibérément. Seul léger soulagement pour moi, savoir le fils et sa copine à l’écart et non à Clichy où iels auraient été tentés de manifester leur juste colère et leur solidarité. Sont en Suisse parce que la grande y travaille cet été pour financer son année de licence. A Genève, les salaires sont plus élevés qu’à Paris, c’est la possibilité de se constituer un petit pécule quand on a la chance d’être hébergée gratuitement. L’année prochaine elle devra travailler dur à sa licence si elle veut passer le filtre très serré de l’entrée en master, ce qui implique plus de temps consacré aux études moins aux petits boulots idiots qu’elle doit accepter pour vivre. Je les imagine tous deux assis au bord du lac après le service, partagé entre la beauté calme du site et ce qu’iels découvrent à travers les réseaux, le meurtre de Nahel, les émeutes ici.

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