Nous parlons, avec le fils peintre, de ses tourments qui le rendent malade tant, et dans lesquels, à l’examen, nous décelons l’infection capitaliste. Le marché de l’art, la spéculation, l’argent. Il voudrait qu’on lui parle de peinture, d’esthétique, son marchand ne voit à travers ses œuvres que le futur acheteur présumé et le prix. Désespoir de n’être perçu que comme marchandise produisant d’autres marchandises. Lutter contre le capitalisme, c’est ne pas se laisser happer dans son orbe mortelle, résister à la fois aux sirènes de la cote qui monte et de la production faite pour coller au marché, mais aussi au découragement, à l’autodestruction. Nous oublions, parce que le fric érigé en valeur supérieure de toute chose nous le fait oublier, la chance que nous avons, celle d’être en mesure de créer des formes nouvelles, qui ont un sens et leur beauté, la chance d’être artistes. C’est cette puissance en marge que tous les marchés cherchent à siphonner, marché du livre, marché de l’art. Domestiquer l’artiste au risque d’effacer l’art. Mais qui s’en soucie, de l’art?
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