Ce tropisme du pouvoir macronien à dresser les populations les unes contre les autres, les gens les uns contre les autres et qui trouve son inspiration chez le mafieux Sarko, nous pressentons où cela conduit. Nous le voyons déjà là, dans les menus faits qui scandent nos journées, chacune a son anecdote qui dit une rencontre avec la bête immonde et ses petits grimés en éléments du banal. Un contrôle dans le bus, par exemple, la semaine dernière en pleine après-midi du dimanche. Bus parisien et touristique dans lequel la ratp envoie une brigade de contrôleurs qui serrent trois étrangers ahuris, dont une Italienne. Elle brandit son billet, met du temps à comprendre, après un échange en anglais moins que basique, qu’il n’est pas valable parce qu’elle ne l’a pas composté, elle l’a seulement montré au conducteur qui lui a dit qu’il était bon. Amende de 35 euros, qu’elle refuse de payer. Le ton monte, le contrôleur lui demande un papier d’identité qu’elle ne fait pas même mine de sortir de son sac, la menace d’appeler la police. Autour ça s’agite, on proteste parce que les mots et les manières du contrôleur sont ahurissantes d’agressivité. Il clame: c’est pas parce qu’on est étranger qu’on doit pas respecter les règles du pays. C’est là que la bête immonde qui observait tranquillement la scène en attendant son moment, surgit. Parce que le contrôleur est un jeune homme noir, que toute l’équipe de contrôleurs est composée d’hommes noirs ou maghrébins. Alors sa phrase sur l’étranger, elle met les passagers, qui sont des bourgeois blancs, en colère mais pour tous pour les mêmes raisons. Aussitôt ça glisse, l’une lui lance que c’est trop facile dans ce bus au milieu de Paris, qu’il ferait moins le malin dans le 93. Un homme tente une hypothèse : il s’agit d’une vengeance de classe, ils prennent leur revanche grâce à ce boulot de contrôleur. Une troisième personne dit sa honte d’être française, et dans cette phrase qui est comme un grand sac sans fond, on ne sait pas ce qu’elle met. Sentant que ça vrille et qu’elle ne pourra pas faire autrement, la touriste italienne paye l’amende. Les contrôleurs descendent laissant derrière eux des voyageurs d’un coup soudés par l’incident, mais soudés sur quels principes communs?
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