Je n’écoute pas de musique dans la rue et, pas uniquement pour des raisons budgétaires, je ne suis pas connectée hors de chez moi. Dans le bus ou le métro, je m’occupe à l’ancienne, en lisant ou en observant les gens. Hier, les bribes de conversations téléphoniques attrapées au vol portaient sur un sujet: la déclaration d’impôts. Je crois que si la population dans son ensemble parvient à peu près à rendre en temps et en heure sa copie, l’administration fiscale le doit en bonne part à la capacité collective de se former et de s’informer par les pairEs. On voit comment l’État compte indirectement sur les réseaux d’entraide pour obtenir des citoyen·nes l’obéissance à ses injonctions formulées de manière cryptique. Mais l’État déploie toute sa force répressive quand ces réseaux d’entraide se mobilisent pour contester une décision politique émanant de son chef par l’intermédiaire du gouvernement. C’est ce qu’il y a d’embêtant avec l’intelligence collective, sans elle rien ne fonctionne mais elle sait aussi fomenter des insurrections.