L’ennui est la chose du monde la mieux partagée dans cette société de l’éclate capitaliste. L’ennui au boulot, en premier sur la liste, et chacune de se demander ce qu’elle pourrait faire d’autre, histoire de rompre avec la routine, et pourquoi pas de donner un sens à ce qui occupe le corps et l’esprit la plus grande partie des journées. Dans ces songeries que l’on partage le dimanche à l’heure du thé, le montant du salaire n’est pas central mais l’ennui qu’il convient de chasser avant qu’il ne soit trop tard, avant qu’il nous ait englouties ou noyées dans la névrose. Le numérique a de toute évidence fait grimper le niveau d’ennui à des hauteurs stratosphériques, tant en prétendant tout simplifier, il complique la moindre démarche, l’étirant en longueurs et recommencements jusqu’à la nausée. D’ailleurs, j’écris ces quelques lignes d’un œil tandis que l’autre surveille l’arrivée improbable du mail qui me permettra peut-être de finaliser mon “identité numérique” afin peut-être d’accéder au site sur lequel peut-être je trouverais l’info que je cherche sur mon compte formation, alors que je ne suis pas même sûre que le bidule existe encore et aidera (rêvons) à ma reconversion. Reconversion, oui, et de prof devenir libraire puisqu’il est admis qu’autrice ne nourrit pas. La grande aventure commence par l’attente ennuyeuse d’un mail.
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