Se rendre aux urgences, puisque la situation du malade, bien connue, souvent éprouvée, nécessiterait une prescription minime de valium pour s’améliorer, l’aider à passer le cap. Mais en guise d’infirmière d’accueil y trouver une sorte de caporale cheffe qui d’un ton péremptoire le renvoie chez lui, tête basse, sans même voir un médecin: pas question de “cachetons” pour lui ce soir, qu’il se démerde avec son manque et sa souffrance. N’avait qu’à pas. Par ici la sortie, au suivant. Et hop, voilà comment on s’allège une salle d’attente en moins de deux. Je suppose que si les alcoolodépendants n’ont qu’à arrêter de boire, alors les toxicos n’ont qu’à arrêter de consommer, les obèses de manger, les allergiques de se frotter aux pollens, les dépressifs n’ont qu’à considérer qu’il y a plus malheureux qu’eux sur terre, et tout ce petit monde ferait mieux d’arrêter de se plaindre en encombrant les urgences qu’il n’encombrerait pas s’il existait encore des généralistes accessibles sans rendez-vous. Le malade, humilié par tant de mépris, courbe l’échine, mais la proche du malade, l’accompagnant, emporte de l’hôpital une colère et une rancœur mille fois plus forte.
Suivre