Découverte tardive de l’écrivain Armand Robin grâce à la réédition de La Fausse parole (éditions Le Temps qu’il fait). Difficile de comprendre comment j’ai pu si longtemps l’ignorer tant ce qu’il dit et comment il le dit m’est immédiatement proche et éclairant. Ses observations et analyses du fonctionnement de la propagande à partir d’une écoute maniaque de la radio de Moscou dans les années d’après guerre sont d’une vivante actualité. Les régimes sont périssables, même les plus autoritaires, mais demeurent les schèmes de la propagande tels qu’ils se sont formés dans la première moitié du XXe siècle et répandus par le moyens des nouvelles technologies de communication. Je suis tentée de prélever des citations de ce texte incroyable à chaque page. Je note aujourd’hui ceci, sur le rapport de la langue propagandiste à la vérité, paragraphe dont il suffi de retrancher l’adjectif “russe” pour saisir ce que l’on doit à Armand Robin : “Tout se passe comme si la réalité ne devrait pas exister, tout au moins comme si le véritable but cherché était de corriger l’humanité de son indésirable propension à constater que ce qui existe existe. (…) On en arrive à une certaine constatation, qui n’est pas loin d’une véritable révélation : alors que le menteur désire que son mensonge soit cru, on a le sentiment ici que bien des propos diffusés par les radios russes intérieures sont très exactement choisis dans la mesure où l’on sait qu’ils ne seront pas crus. Qui ne voit que nous sommes là sur un plan très supérieur à celui de la duperie?”
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