De l’homme saluant d’une main levée la foule absente de chaque côté de l’avenue, les Champs-Elysées interdits à la population, vides pendant le défilé réservé à la télévision qui a l’avantage sur la réalité immédiate d’être à sens de communication unique et peu importe si les téléspectateurs ont désertés les écrans, de cet homme président d’une dite république d’une dite démocratie qui fuit le contact avec celleux qu’il est censé représenter, nous retiendrons l’image d’un fou. De quel type d’appareillage psychique faut-il être équipé pour imaginer une telle cérémonie dans un quartier rendu désert sur ordre de police tandis que des néo-nazis autorisés manifestent non loin, pour s’y prêter sans ciller comme un pantin de cire, pour l’assumer puisqu’il assume tout? Autrefois les autocrates savaient réunir par la force une illusion de figurants pour les hourrahs. Mais lui n’en a pas besoin, il les voit sans doute, ses admirateurs, projetés de son cerveau malade dans le monde réel, formant une réalité virtuelle conforme à ses désirs, la haie d’honneur qu’il mérite tant il est incroyablement lui. Petite, on me disait des fous qu’ils se prenaient pour Napoléon. Nous y sommes sous les yeux de toustes (à la télé), ce qui ne serait que triste ou risible si l’homme ne gouvernait pas le pays, n’organisait pas nos vies, n’était pas à la tête d’une puissance nucléaire.

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