Je suis entrée dans l’écriture sur un ton ironique, par la voie de la satire, influencée malgré moi par l’un des mes oncles qui écrivait dans ce style et qui longtemps a produit le billet de cinq cent signes mis à la Une du Monde, jusqu’à ce que ses mots soient remplacés par le dessin quotidien de Plantu. J’ai aussi beaucoup lu, autre inspiration, les chroniques que Vialatte a publié dans le journal La Montagne, admirative de sa prose ciselée tant l’humour qu’il manie avec dextérité m’est en fin de compte totalement étranger. J’écrivais de la satire comme d’autres danseurs exécutent une figure imposée sur la glace de la patinoire, me satisfaisant, après avoir commis les pirouettes du genre, de retomber sur mes pieds. Le goût de l’ironie m’a passé, en dépit de quelques brèves rechutes. Pendant les confinements j’ai réuni un choix de ces billets dans un livre que Béa a eu la gentillesse de maquetter, et qui est resté en l’état depuis, faute de financement, de perspective commerciale, et dans un contexte de renflement des factures des imprimeurs. Mais il faut que je le fasse imprimer, ne serait-ce qu’à une centaine d’exemplaires, car depuis trois ans ce livre me hante comme un fantôme, comme une tombe qui impatiemment attend d’être fermée.
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