Secouée, hier soir, par la représentation d’une adaptation forte du roman d’Arno Bertina, Des châteaux qui brûlent. Tant peut être (doit être) dit sur la scène du théâtre qui touche précisément ce que l’on vit, de sorte que l’on n’est pas seulement dans la salle, fascinée, mais sur les planches avec ces comédiens, comédiennes tellement justes qu’on croit avoir côtoyés leurs personnages dans la vie. Beaucoup est dit mais aussi senti de ce qu’est la lutte collective pour la survie de travailleurs et travailleuses brutalement dépossédées de leur boulot. La guerre des classes, l’incompréhension crasse du secrétaire d’état convaincu pourtant d’être un homme de gauche, la force et les faiblesses de celleux qui n’ont que leur corps, meurtri par des années de travail à la chaîne de l’abattoir, à opposer au cynisme du pouvoir qui a toujours gagné d’avance. La force, c’est d’agir ensemble, c’est la fête de se découvrir ensemble face à la violence, de rompre avec la passivité, de ne plus subir. Pendant que j’écris ces mots, je vois passer dans ma rue le camion-benne et deux ouvriers plus très jeunes qui courent derrière parce qu’ils n’ont pas eu le temps de grimper sur le marchepied. Le gouvernement a décidé de les faire courir derrière un camion-benne deux ans de plus. Je regarde ces hommes, je pense aux personnages Des châteaux qui brûlent, et tout fait sens. Renverser ce système dont nous ne voulons pas, oui.
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