Quelques jours hors d’Île de France, et l’on se rend compte à quel point ce pays est éclaté. Ici, on a beau être à cent kilomètres de Sainte Soline où la répression contre les militantEs écologistes anti mégabassines a fait tant de blesséEs samedi dernier, on est très loin de la crise de nerf permanente qu’est la vie à Paris banlieue. Je ne dis pas que l’existence est un tapis de roses, elle l’est pour les bourgeois de la ville balnéaire et certainement beaucoup moins pour les habitantEs des terres, mais il y a de l’espace, on ne se marche pas dessus, on respire, on n’a pas l’impression qu’un désastre va nous tomber dessus à chaque coin de rues. L’océan, se dit-on, est un élément stable, les promoteurs immobiliers ne se sont pas encore lancés dans l’assèchement de la mer en vue de construire à la place des immeubles de cinq étages écoresponsables. Disons plutôt que les tensions sont, ici, moins directement visibles et perceptibles. En passant hier sur le port de commerce je découvre des “pêcheurs en colère” qui le disent par des banderoles accrochées à leur outil de travail. Ils s’opposent aux mesures de restriction de pêche dans l’aire de marine protégée. Les poissons sont leur gagne-pain, ils veulent pouvoir pêcher. Je voudrais moi que les poissons restent dans l’eau, qu’on leur fiche la paix définitivement. En latence, dans le port tranquille, un conflit lié à des visions radicalement différentes du rapport aux autres êtres vivants, à la nature. Ce conflit transversal, fondamental, dans lequel le gouvernement a pris parti à Sainte Soline, envoyant sa police armée blesser gravement les défenseurEs du vivant.

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