Hier, manif. Départ à Bastille, avec le fils et son pote au point de rendez-vous qui est le stand des copaines des éditions Libertalia, barnum rouge au pied de la colonne de Juillet. Les filles arrivent, les quatre jeunes s’en vont de leur côté emportant mes adjurations à la prudence. A 14h30 la place commence se remplir vraiment. Je décide de remonter le cortège pour aller voir en tête. Il m’a fallu une grosse heure, tellement la dite foule était dense. Difficile de m’insérer dans les chenilles remontantes au milieu de toutEs les camarades serréEs les unes contre les autres. Beaucoup de jeunes: parallèlement aux travailleurs et travailleuses qui grèvent et bloquent, les jeunes donnent le ton du mouvement. Non seulement cette casse des retraites touchent directement leurs parents, mais iels en ont gros d’être si maltraitéEs par ce capitalisme qui crève mais mord encore très fort, les utilise comme chair à profits depuis leur naissance. Devant le cortège officiel, l’autre manif est très peuplée et diverse. Je la rejoins à République. Nous sommes nombreux et nombreuses, de tous âges, avec ce mélange qu’on connait: la multitude de photographes, des anciennEs militantEs, des anars, des curieux, quelques égaréEs et les très nombreux jeunes qui sont ici comme poissons dans l’eau. Mais les tentatives de barricades sont vaines avec rien d’autre dans les mains que le maigre matériel arraché aux chantiers dans un large boulevard pensé pour rendre impossible toute barricade. Alors feux de poubelles, bris de vitrines. J’ai beau avoir une pratique assez longue des manifs, je ne sais toujours pas distinguer entre pandores et cognes. Quoi qu’il en soit, les dites forces de l’ordre me semblent d’emblée pas au niveau, harassées et débordées, faibles numériquement en face de manifestantEs déterminéEs et énergiques. Iels cavalent en désordre, certainEs peinent à courir plus vite que moi (!!!). Dans leur course pour attraper quelqu’un des policiers renversent brutalement une femme d’une cinquantaine d’année : ils reviennent sur leur pas, l’aident à se relever et s’excusent. Un groupe de flics se retrouve acculé contre un mur dans l’angle des palissades d’un chantier. Le rapport des forces leur est défavorable, mais iels ne reçoivent que quelques projectiles sur leur bouclier et filent sous les sifflets. Les différentes manœuvres pour nasser et couper le cortège de tête me semblent laborieuses et inefficaces. Quelques tirs de mortier d’artifice d’un côté. Gaz lacrymo pour tout le monde, à volonté, et grenades assourdissantes de l’autre. Quelques interpellations, en marge. C’est à l’arrivée, sur la place de l’Opéra qu’on est nassés. Les avenues sont bouchées par des cordons de policiers, des véhicules, des grilles, le canon à eau, tout le toutim. On ne comprend rien à la stratégie des flics qui empêchent la manif syndicale d’accéder à la place, empêchent que les deux cortèges se rejoignent, mais refusent aussi la sortie à celleux qui y sont. Le siège de la BNP est palissé, un gros cadre en bras de chemise s’exhibe à la fenêtre et nargue les manifestants d’assez haut, avant de prudemment refermer la fenêtre et s’effacer devant la réaction des gens en bas. On finit par en avoir marre et on insiste un peu pour passer avenue de l’Opéra. Rapport de nombre et de force défavorable au cordon de policiers qui lâchent l’affaire et se replient sur le côté. Les enfants sont bien rentréEs, le fils me montre une vidéo montrant des BRAV à moto dansant sur le rythme de tout le monde déteste la police. Ambiance étrange jusqu’au bout. Nous, on n’est pas fatiguéEs.

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