Nous serions la foule, donc, composée de celleux qui ne sont rien, auxquelles il n’accorde aucune légitimité. Parce qu’il ne comprend pas, coupé depuis toujours des réalités qui constituent la vie quotidienne de la population, enfermé dans l’idéologie et l’entre-soi d’une caste. Et ne veut rien comprendre, parce que ce que nous avons à dire ne l’intéresse pas, ne le concerne pas. Il ne perçoit que la rumeur confuse d’une foule dans nos claires revendications. On lit dans ses quelques mots jetés aux médias du mépris, oui, il nous considère indignes de son estime, nous ne l’intéressons pas mais il y a de la méprise aussi, il nous prend pour ce que nous ne sommes pas. Pour des petites choses énervées mais fatigables, qui agglomérées forment une foule versatile. Dans trois jours, selon lui, nous serons passés à autre chose, nos mémoires de poisson rouge auront oublié les deux années de travail supplémentaires et l’obligation de se payer une retraite complémentaire privée qui va suivre. Il se charge déjà de nous faire passer à autre chose: déjà ses laquais nous annoncent de nouvelles lois. Ce qu’il y a en jeu dans notre mobilisation, ce n’est plus seulement l’abrogation d’une loi qui casse nos retraites, c’est bien plus : renverser l’idée qu’un tel personnage rompu aux affaires et à l’affairisme pourrait décider pour toute une population. Tout pouvoir détenu entre les mains d’un seul ou d’un clan, est illégitime. Ce qui est en jeu, c’est de choisir entre le basculement pour longtemps dans l’autocratie, ou la redéfinition ensemble d’une réelle démocratie.
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