Dans la même semaine, le fils qui vit ses premiers engagements politiques aura été, samedi, copieusement matraqué et frappé au sol avec le pied par des policiers caparaçonnés, après avoir été frôlé par un LBD alors qu’il manifestait tranquillement, puis mercredi contrôlé, fouillé, photographié, sa carte d’identité photographiée alors qu’il sortait du métro, encore loin du lieu de rassemblement pour le départ de la manif. Il a 18 ans, et sait maintenant à quoi s’en tenir quant au genre de démocratie policière dans laquelle nous sommes enfermés. A la prépa, les profs ont fait grève, n’ont pas été inertes. Mais c’est la prépa et il faut continuer à bosser pour les concours. Alors, ça râle dans les khôlles, quand les résultats sont moins bons parce que la tête des jeunes n’est plus au bachotage. Le fils dit: ils font comme s’il ne se passait rien dans le pays, comme si tout était normal. Le soir, je lis les premières pages de Lycéen résistant, dans lequel Ivan Denys témoigne de son engagement dans la Résistance. Il était élève au lycée, à Janson, dans Paris occupé : “Nos professeurs ne paraissent pas avoir d’opinion. Leurs cours sont absolument neutres comme si rien d’important n’avait eu lieu dans notre pays, passé sous le joug des Allemands.” Faire “comme si rien” hier, aujourd’hui, continuer à faire tourner les hamsters dans leur roue, indéfiniment.
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