Aux auteurs et autrices qui demandent un statut, le gouvernement répond avec les seuls mots qu’il connaisse, celui de l’entrepreneuriat libéral. Chacune doit se faire la petite entrepreneure d’elle-même, avec numéro de siret obligatoire pour la facturation. Consacrer des heures à l’auto-promotion sur les réseaux sociaux et des journées à remplir les dossiers numériques pour accéder aux maigres ressources sur lesquelles guignent une foule de concurrents qui ne parviennent pas à remplir leur frigo mélangés à d’autres qui ne refusent pas un rabiot de beurre dans leurs épinards. Et toujours peu payée, mal payée, pas payée pour le vrai travail, l’écriture (mais, on le sait, l’écriture est une passion qui s’auto-rémunère en plaisir de faire). On ne s’intéresse plus au travail des autres, on pèse scrupuleusement ses mots de crainte de froisser tel ou telle susceptible d’être décisionnaire dans un jury, on tricote des chapelets de remerciements longs comme le bras. Dans cette foire générale, un moment de bonheur : quand la résidence d’écriture tombe miraculeusement sur ta pomme. Je me pince pour y croire, mais ça m’arrive à moi pour de vrai ces huit semaines d’écriture à Royan. J’y serai dans quinze jours. Programme des journées : écrire. Non? Mais si !!!
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