Retrouver un lieu à moi, à l’écart, pour m’isoler. Ce “bureau” est un espace de deux mètres sur quatre dans le prolongement de la chambre, gagné sur une terrasse que les anciens habitants ont fermée et couverte. Il donne sur la rue pas très passante. Le soleil l’éclaire le matin. Une table, une chaise, deux bibliothèques basses et quelques plantes avec qui partager la lumière. Pendant vingt-cinq ans j’ai travaillé au milieu des autres membres de ma famille, qui allaient et venaient selon leur emploi du temps, m’interrompant sans cesse. Est-ce que ça m’a empêchée d’écrire? Non. Mais je sens que le calme et l’isolement retrouvés modifient mon rapport à l’écriture, aux textes. Quand l’urgence se retire, quand le temps n’est plus haché, il y a évidemment un effet sur l’écriture. Curieusement, j’ai tendance à écrire des phrases plus courtes, plus nerveuses, à retrouver dans le texte ce haché qui a été si longtemps dévolu au découpage du temps. J’ai envie de textes composites, fragmentaires, presque chaotiques. De surgissements.
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