Relu Tropismes. N’avais pas, dans mes précédentes lectures de ce texte fondamental, perçu cette colère sourde que j’y ai trouvé hier. Colère m’a sauté à la figure, dans la décortication froide des médiocrités sociales comme des relations intimes. Jour après jour, avec cette colère en soi écrasée en boule au profond du corps, jouer le jeu. Ça tient, tant que chacun, chacune, parvient à bâillonner sa colère ou plutôt, parvient à bâillonner la colère des autres. Ce qui tient : la société, pas les individus, encore moins les femmes. Dans Tropismes, décortication des processus de domination des femmes. Ecrits avant guerre, dans l’Europe fasciste. Aujourd’hui, quoi? L’autre jour, dans une salle des profs, l’une s’est plainte de ne plus pouvoir supporter ces deux mots : “climat délétère”. Pas un voyage en transport en commun sans assister à un échange d’insultes. Moins pathogène que l’ancien jeu des politesses sadiques? Je ne crois pas. Délétère, corrompu. Climat empoisonné. Saine colère.
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