Je pense à cette petite élève qui refusait de parler, ou ne refusait pas – comment comprendre sans les mots ? – mais ne pouvait rien dire, ni aux profs, ni aux camarades. Silence gardé toute la longue journée de collège. Si l’on insistait, elle pleurait. Elle s’était enfermée dans un rôle, la silencieuse, comme dans une coque hermétique. Une issue a été trouvée pour soulager enfin sa souffrance: la changer de collège, de classe, de camarades, afin qu’elle puisse abandonner derrière elle la silencieuse et se construire une autre personnalité, sans perdre la face. Se piéger soi-même dans une identité qui n’est pas soi, se débattre à l’intérieur de cette gangue sans oser la briser de peur de perdre la face, je crois que cela concerne beaucoup de monde.
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