Quitter la salle de classe après vingt-cinq ans, puis y revenir non plus prof mais en tant qu’autrice, “intervenante”, permet de se rappeler pourquoi on s’en est éloignée. Non pas, c’est évident, à cause des élèves mais de ce laminoir qu’est la machine Educ Nat, qui écrase sous la botte du contrôle et de la mesquinerie le plaisir qu’il y a à se retrouver avec un groupe de jeunes personnes désireuses de découvrir et d’inventer. TiréEs pour l’occasion hors du carcan de la découpe routinière d’une journée de lycée, entouréEs d’un plus grand nombre d’adultes, débarraséE de l’horreur de l’évaluation, les élèves quittent leur méfiance habituelle et osent essayer. Celle qu’on n’entend jamais se met à lire à haute voix, celui qui n’écrivait pas une ligne rédige tout un paragraphe, chacun et chacune écoute l’autre qu’iel découvre sous un nouvel éclairage. Voilà. Ce n’est finalement pas bien compliqué. Du temps, de l’écoute, des adultes dispos et ça va mieux pour tout le monde. Mais on leur promet des dictées, on les menace de l’uniforme, on leur envoie les flics.

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Thème : Overlay par Kaira.