Nous connaissons toustes, une ou des personnes qui enfin arrivées à l’âge de la retraite n’en profitent pas, parce que cancer foudroyant, parce que crise cardiaque, parce la mort surgit dans les six mois qui suivent. Dans cette bataille de la guerre des classes qu’est l’opposition à la “réforme” des retraites, l’entre-soi politique de droite qui comprend le gouvernement, fait mine d’attribuer ces décès prématurés à l’arrêt du travail, qu’iels jugent dangereux, la preuve: on en meurt. L’oisiveté est non seulement la mère de tous les vices des classes populaires, mais tue impitoyablement celleux qui s’y adonnent sans y avoir été préalablement entraînés par une enfance douillette, une adolescence dorée, l’absence de tout problème liés à la poursuite d’études supérieures et à la recherche d’un boulot, par un emploi pas trop crevant mais bien payé, et de nombreux loisirs. Tel ce personnage des Temps modernes, qui continue à faire le geste de serrer des boulons alors qu’il a quitté la chaîne, le corps des assignés au travaux ingrats, toxiques, pénibles et forcément mal rémunérés, ne peut survivre détaché de la machine auquel il est astreint par “nature”. Nous entrons un peu dans leur jeu, quand nous arguons de notre épuisement, de nos maux pour justifier notre demande d’une retraite moins tardive, comme si nous avions donné ce que nous avions à donner, comme si nous avions acquitté une sorte de dette. Mais à ces bourgeois avides, égoïstes inaptes à toute empathie, nous ne devons absolument rien. C’est évidemment le contraire. Tout ce qu’ils ont ils l’ont volé (rappel).
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