En vieillissant, je ne cesse d’être admirative de tous ceux, toutes celles qui, malgré les empêchements d’exister, de penser, de faire, que le capitalisme et les quelques uns qui l’incarnent nous lancent entre les jambes et dans la tête, persistent à inventer, créer, agir. Quand toute une société organisée autour de la soumission au pouvoir de l’argent te presse de bosser pour gonfler les poches des investisseurs et dépenser le maigre salaire qu’on te jette en pinçant les lèvres dans la consommation de trucs inutiles et polluants mais qui rapportent aux mêmes investisseurs, le pas de côté est une action de résistance qui demande force, courage et d’être assez têtuE aussi. Ceux et celles qui écrivent, peignent, imaginent, jouent sur scène ou dans la rue, font de la musique, vivent positivement dans un monde parallèle, une sorte de maquis de notre temps, de plus en plus coupé de l’agitation mortifère générale et qui le serait totalement si les dominants ne se rappelaient pas si férocement à leur mauvais souvenir par des obligations absurdes autant que débilitantes. Plus que jamais (?) la liberté reste un combat.