A la question rituelle Comment ça va en Guinée?, Aissata ne sait plus quoi répondre, me dit-elle, ah si en ce moment c’est le procès du massacre du 28 septembre. En 2009, des opposants politiques au régime militaire se sont rassemblés dans un stade de Conakry, pour manifester. L’armée a ouvert le feu sur la foule, il y a eu des viols, de nombreux disparus. Le nombre de victimes n’est pas connu, des femmes cachent qu’elles ont été violées pour garantir leur réputation, des disparus ne sont réclamés par personne. Je suis en train de lire le dernier livre de Marie Cosnay, je lui parle des morts à la frontière espagnole, noyés dans la Bidassoa, que Marie s’est efforcé d’identifier, dont elle a pu retrouver la famille et rendre possible le rapatriement du corps pour les obsèques. Nous évoquons les disparus de la migration, que certaines familles renoncent à chercher. Aissata me raconte qu’une femme très pauvre du quartier de ses parents a vu son fils partir pour améliorer la situation de sa mère. Elle a reçu des nouvelles, régulièrement, jusqu’au Maroc et soudain plus rien. Deux ans de silence, la mère dit que son fils est sûrement mort. Elle n’a aucun moyen d’entamer une recherche. Si nombreuses sont les familles en Guinée peuplées aussi de disparuEs.
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