Dans le stéréotype envahissant de l’artiste alcoolique, il y a entourloupe. On fait mine de confondre deux éléments, d’une part la révolte, le désespoir, la colère, le mal-être, le refus de la résignation, sentiments dans lesquels les artistes puisent leur inspiration et leur force de création, et de l’autre l’alcool avec quoi certainEs artistes tentent d’anesthésier la souffrance liée à leur mal-être. Mais l’expérience alcoolique est inapte à créer, c’est une démarche de destruction. Ainsi le cliché de l’artiste alcoolique est bien pratique pour subtiliser cet élan de rébellion et de négation de l’ordre bourgeois que porte en elle toute œuvre aboutie, et la réduire à son contraire, l’alcool, tristement ordinaire, risible. Ce ne sont pas les alcooliques qui mettent en danger l’ordre établi, sinon nous serions débarrassées du fléau de l’alcool depuis longtemps. D’ailleurs les nazis à leur arrivée au pouvoir ne s’en sont pas d’abord pris aux alcooliques, mais ce sont bien des œuvres qu’ils ont brûlées en premier. Se souvenir de cette citation de Genet : “Le génie c’est le désespoir surmonté à force de rigueur.”

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