J’ai lu un article dans lequel il est dit qu’à l’hôpital, mourir dans la salle d’attente des urgences devient presque banal. Des personnes âgées qui attendent: elles attendent et elles meurent. Surtout quand elles ne s’expriment pas clairement, qu’elles ne parlent pas bien français. Pas le temps, il faut que la communication coule, qu’on se comprenne en trois mots, les patientEs, les soignantEs débordéEs. Il est dit aussi dans l’article que les personnes alcoolisées agacent. Imprécises, parfois agitées, agressives, elles gênent un service déjà trop encombré. Ce n’est pas facile d’être reconnu comme malade, il faut s’exprimer avec précision, dans une langue maîtrisée, ne pas avoir bu. Si tu es un jeune homme alcoolisé, tu n’es pas un malade mais un gars qui aime trop faire la fête, même si la fête tu ne la fais plus jamais, et depuis longtemps, précisément parce que ta maladie elle est là, évidente devant l’infirmière du tri (j’ai appris que l’on dit infirmière d’accueil), ta maladie est si évidente qu’elle pourra encore attendre un peu, attendre que la fête soit finie. Un jour, à force d’errance tu croises la toubib de garde qui comprends tout de suite de quoi tu lui parles, ce que c’est vraiment que tes mots confus, ce qu’il disent sans détour de ta souffrance. Se dessine l’amorce d’un chemin.

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Thème : Overlay par Kaira.