J’ai découvert Gherasim Luca par sa lecture filmée de ses poèmes, diffusée par Arte en 1988. J’avais vingt-et-un ans, lui soixante-quinze. Curieusement, parce que la poésie ne m’est pas toujours proche, j’ai eu l’immédiate impression d’entrer dans ses textes, de les comprendre de l’intérieur sans bien entendu être capable d’en expliquer ou dire rien. Je crois que si je n’avais pas en premier vu la silhouette noire se découpant sur le fond blanc, entendu la voix assez aigue au léger accent roumain, senti la densité, l’intensité qui se dégageait de ce film, avant de lire dans ces livres de chez Corti dont les pages s’ouvraient au coupe-papier, je serais passée à côté. Curieusement encore, vingt-cinq ans plus tard j’ai rencontré Gilles qui a bien connu Gherasim Luca, et l’a photographié.
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