Je n’avais plus rien à lire. Remontant l’avenue pour les courses, je croise un homme qui la descend les mains pleines de livres. On avait rempli la boite, habituellement désolée, où les habitants peuvent déposer leurs vieux bouquins. Il s’était servi. Mais j’y ai trouvé quatre livres que j’ai emportés, dont Berg et Beck encore jamais lu, exemplaire acheté au salon du livre selon la pastille jaune collée au dos, mais que Robert Bober n’a dédicacé que le 3 décembre 2000 à un nommé Hugo. Je me demande ce qui pousse à se débarrasser d’un livre comme celui-là, qui plus est dédicacé, quand bien même cette dédicace à l’affabilité de celles que les auteurs utilisent à la chaîne, par exemple lors d’une rencontre publique en librairie. Plus dérangeantes, ces lignes très courtes écrites au stylo bille vert, en haut, à l’angle droit de la page de garde d’un exemplaire d’Aulus, premier roman d’une Zoé Cosson. Acheté le 7 février 2022/ à/ la toute petite libraire/ Jour de ma renaissance. Ces mots découverts à la maison forment un mur plus épais que celui de la cabane photographiée en couverture du livre. Cette naissance pour la seconde fois, assistée d’une sage-femme en toute petite libraire et dont l’acte est abandonné moins d’un an plus tard dans une boite à livres de quartier, me semble un augure défavorable. Mais j’ai terminé la lecture du très beau Berg et Beck.
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