On devrait toutes avoir un petit lopin de terre et une pioche. Quand le monde vire à l’angoisse continue, quand les catastrophes planent comme de gros nuages ricaneurs, quand l’esprit de sérieux l’emporte ou bien c’est le cynisme, on attrape la pioche et on s’en va retourner trois mètres carrés de terre lourde. Ensevelir ses soucis, oui. Mais pas seulement. L’odeur sexuelle de la glèbe, la matière sombre et collante où le pied enfonce quand on l’aère, les trois lombrics qu’on est ravie de croiser tant on croyait la vie retirée de tout mais qu’on recouvre vite fait parce que la pie guette, l’aspect net et fertile de la terre retournée où l’on imagine ce qui pourrait pousser (mais quoi planter ?, on hésite), ça fait du bien au corps malgré les lombaires rouillées et à la tête. De combien de maladies urbanistes et promoteurs de nos villes modernes, agents de la minéralisation générale et de la nature et petits pots, sont-ils responsables? Sauve la planète et l’humanité, enterre un promoteur.
Suivre