Nuit noire à sept heures. Le temps file, les journées s’écoulent m’emplissant d’un vague sentiment de culpabilité, ne pas en faire assez, ne pas combler ces mois de liberté par suffisamment de travail. J’en viens à me construire des emplois du temps dans ma tête, compter les heures. Cette année de disponibilité si courte, mais aussi l’angoisse de vieillir, la perspective d’un avenir moins large dont la réalité m’a rattrapée avec la maladie. Ablation de la tumeur, guérison du corps mais pas de la fragilité que le cancer instaure en soi. Le ciel vire au bleu sombre par-dessus le cerisier. J’ai un programme pour la journée que je vais tenter de tenir. Mais envie de quoi? De concentration. De cette disposition mentale sans dispersion distraction par laquelle seule avec toi-même tu peux avancer par l’écriture. Mais quand je me mets à travailler sur un sujet, les obligations diverses papillonnent autour de moi en clignotant rouge. Les encager, les faire entrer dans une boite hermétique, pendant quelques heures au moins. Mésange de l’aube sur la maisonnette à graines. Matin neuf. Un de plus ou un de moins.

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Thème : Overlay par Kaira.