Pendant vingt-quatre ans, des journées découpées en tranches de cinquante-cinq minutes, des semaines hachées en tant et tant de journées de tant et tant de tranches de cinquante-cinq minutes, des années divisées en sept semaines-deux semaines, à peu près. Parenthèse de l’été. Ça recommence. Ce rythme imposé par le cadre du travail, la cloche qui sonne, le calendrier examiné à la loupe, l’emploi du temps, semaine A semaine B, fin des trimestres arrêt des notes conseils de classe, acceptable, supportable, comme une suite de rituels propres au monde restreint de l’éducation nationale. Si tu t’arrêtes, si tu lèves la tête, regardes ailleurs, l’absurdité te saute à la gorge. Alors, toutes les sonneries de toutes les cloches de tous les collèges que tu as traversés te caressent l’échine comme autant de coups de bâton. Il y a d’autres jobs minutés, les ouvriers ouvrières travaillant sur la ligne, à la chaîne, rythme imposé par le fonctionnement des machines. Esclaves de la division du travail. Esclaves des rituels conçus par les découpeurs du ministère, inventeurs des heures de cinquante-cinq minutes. Elle est déjà là la perte de sens, dans l’imbécilité de la cloche réglée à la seconde près même quand retarde. Dans le fonctionnement mécanique exigé de l’humain. Quand des mois après tu sais que tu la guettes encore, la sonnerie.

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Thème : Overlay par Kaira.