Aube livide, étrange fin d’octobre dans la moiteur sans pluie. Immobilité du décor, je vis dans une photographie qu’un oiseau matinal raye, disparaît. Trop chaud, j’entrouvre la porte fenêtre, entrent des pépiements aigus. On se réjouit aujourd’hui puisqu’au Brésil Lula a remporté les élections, une mince victoire contre l’extrême-droite nous tient lieu de bonne nouvelle tant elles sont rares. Ce matin je vais chercher Fatou qui vient passer quelques jours à la maison. Nous allons donner des graines aux mésanges, planter des pensées. J’ai laissé les deux ultimes framboises sur les arbrisseaux à son intention. Je ne sais pas si ça c’est déjà produit dans l’histoire, cette impossibilité d’imaginer le monde dans seize ans, le monde où vivra Fatou quand elle aura vingt ans. Sûrement, en période de guerre, l’incertitude totale de la vie-même. L’idée de la guerre permanente, à basse/haute intensité selon les moments, les régions du globe, je sens bien qu’elle nous a été insinuée, qu’elle nous est consubstantielle. Il faudrait pouvoir nous arracher des fibres cette idée de la guerre comme menace et comme fait, pour la considérer telle qu’elle est, le scandale absolu.
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