Le sens de l’orientation m’est inaccessible. Capable de me perdre à quelques pas de chez moi. Le GPS m’a soulagée de ce handicap, je marche dos courbé sur le téléphone sans rien voir de ce qui m’entoure. Mais non. Je ne quitterai pas cette terre sans avoir surmonté l’insuffisance. Je veux pouvoir me déplacer sans m’égarer ni prothèse satellite. Et si je me me trompe, quel problème? Aucun pour moi-même. Les autres attendent, s’inquiètent, ne comprennent pas pendant que je découvre. N’ai plus peur de la sensation d’être perdue comme encore il y a peu. Sur le parcours entre chez moi (Montreuil) et l’atelier de mon fils et sa compagne (Fontenay), il y a un carrefour en hauteur. Dernier repère : le platz devant le beau potager que je crois dépendant d’un lycée horticole. Quelques mètres plus loin la rue débouche sur ce carrefour nu tel un poing dressé. Un troquet dans l’angle, store banne pas récent, deux tables sur le trottoir, repère d’hommes dont j’entends les voix. À gauche part une avenue qui mène où elle veut, pour moi dans la mauvaise direction. Deux autres me concernent dont l’une descend en forte pente, l’autre c’est la pente douce. L’atelier est en bas, dans ce quartier dit le village. J’ai pris la pente douce, je me suis autant perdue que dans la pente raide. Pourtant le bon chemin est là, qui se cache entre les voies étroites bordées de maisons individuelles, rues souvent pavées, aux noms de révolutionnaires, de Résistants.
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