Terminé hier la réalisation d’une vidéo, montage de photographies en noir et blanc. En voix off, ma lecture d’un texte “Au parloir” que j’ai écrit cet été, c’était ma proposition pour un exercice de l’atelier d’écriture de François Bon. Ce parloir de la maison d’arrêt des femmes, Fleury-Mérogis, je m’y suis rendue cinq ou six fois il y a six ans. Depuis, je vis avec le parloir en moi. Avec l’imbécile violence de l’enfermement. Compliqué d’imaginer ce que traversent les détenues quand la seule fréquentation du parloir te bouleverse si durablement. Pas question de montrer la prison dans la vidéo. Ni d’illustrer le texte par des images doublons. D’ailleurs, du parloir, je n’en parle pas. Le box, le face-à-face avec l’enfermée, le temps compté, ce qui se passe entre les murs d’impossible intimité. Non. Je décris l’avant. Le texte dit l’arrivée à la maison d’arrêt, ce qui s’y passe jusqu’au moment où l’on te désigne un box. Les images montrent le voyage vers le parloir, la maison que l’on quitte en emportant des affaires, la ville, le déplacement, ce qui est refusé aux détenues. La ville est pleine de grilles, de murs, de barrières, de barbelés que j’ai utilisés pour suggérer que quand une personne est en prison, celleux qui l’aiment sont enferméEs avec elle. Du point de vue de l’écriture, réaliser une vidéo à partir d’un texte c’est mettre à l’épreuve le rythme du texte, le rythme arrime mots et photographies qui disent indépendamment leur propre récit, sans presque jamais se croiser.

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