Matin calme. Suivre des yeux le voile de nuages dériver vers le nord, le va-et-vient des mésanges, la branche du rosier aux fleurs fanées, balancement léger au dehors. Café, que j’aime sans sucre, très chaud. Toujours en tête le fils malade, toujours cette maladie sans nom. Une escadre de perruches à collier traverse le ciel en criant. Hier soir, rencontrée dans le bus: une femme du quartier qui participe à la mobilisation pour dénoncer le manque de bus. Une des actions du collectif est de photographier, sous les aubettes, les écrans d’information, les temps (démesurés) d’attente, pour preuves contre la RATP qui prétend que tout va bien. Je comprends pourquoi plus aucun de ces écrans ne fonctionnent. Selon la voisine, il y a aussi le manque de personnel de régulation, qui gère les informations voyageurs. Phrase la plus entendue dans les transports en ce moment : plus rien ne marche. Voilà, on s’habitue à ce que plus rien ne marche, transports publics, hôpitaux, école. Une autre femme dans le bus nous dit qu’elle part s’installer définitivement au Maroc, que c’est trop dur en France pour sa petite entreprise, elle n’y arrive plus. Sapé par le néolibéralisme ce pays s’effondre sur lui-même. Et le monde à l’avenant, car comment se débarrasser du capitalisme que nous portons en nous, jusque dans nos chairs?
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