Aube du jour d’après. Donc, ces gens du Nobel l’ont choisie, elle, et d’un coup souffle un grand vent frais, l’impression qu’une fenêtre s’est ouverte balayant les miasmes virilo-capitalisto-fascistes qui sont notre pain médiatique quotidien. Choix littéraire, choix politique, les deux sont un coup de pied dans la fourmilière réac, qui s’en étrangle. Nous, on respire. Ce qu’il y a dans les textes d’Annie Ernaux, dans son style, sa précision: cet effet miroir qu’elle tend à de nombreuses femmes à travers son histoire à elle. Elle a vengé sa race, comme elle le dit, et par-delà, moi qui vient d’un autre milieu social, j’ai ressenti hier quelque chose de l’ordre de la vengeance, c’est vrai. De la justice rendue. À quoi? À l’œuvre littéraire des autrices tellement encore infériorisée. À la constance dans les idées, les engagements y compris stylistiques, malgré les critiques indignes. Au courage qu’il faut pour dire ce qu’elle dit et comment elle le dit sur ce que c’est d’être femme, et le faire pas seulement pour soi-même mais pour toutes. À l’attention sincère portée aux autres qui nourrissent le travail d’écriture. À ce que la littérature peut accomplir quand elle est vraie.
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