L’année dernière ce même jour, j’étais opérée d’une tumeur au sein droit. Premier problème de santé grave même si peu grave dans la sphère de gravité des cancers. Prise tôt, la tumeur n’était pas trop méchante, m’a-t-on dit, on me l’a retirée ainsi que trois ganglions, me reste une cicatrice et un traitement hormonal à prendre chaque soir encore quatre ans. J’ai bon espoir de m’en tenir là, au moins quelques années. Nous avons appris les résultats de l’enquête: si ma mère, ma cousine du côté maternel, moi et une de mes sœurs (dans l’ordre des détections de nos tumeurs au sein droit mais aussi de la plus âgée à la plus jeune au moment de cette détection) avons été atteintes, cela n’a rien de génétique. C’est le fruit du hasard. Hasard, ce jeu de dés qu’est la vie. Hasard est le nom qu’on donne à la vie sociale privée de l’anarchie qui la ferait désirable, juste, bonne pour le corps comme pour l’esprit. Cancer est le nom de la compétition globale dans laquelle on naît, qui pollue la terre, salit l’air et l’eau, empoisonne la nourriture, rend chacunE maussade, mesquinE, repliéE sur ses propres intérêts, conservéE dans l’infantile par le besoin d’exister dans une société d’indifférence. Au lieu de la révolution, on organise des quêtes pour faire avancer la médecine.
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