24 ans hier. J’étais décidée à ne pas me laisser voler le bonheur de porter l’enfant, malgré la violence du père. Un moment écarté, ce que nous avions déjà traversé ensemble le jour où, après un long et pénible accouchement comme ne le sont pas tous les accouchements, ou plutôt la nuit où nous nous sommes trouvés enfin au calme côte à côte dans une chambre de la maternité, moi sur le lit d’hôpital reliée à la perfusion de rigueur, lui dans son berceau transparent. Le bonheur. Je me souviens d’avoir beaucoup parlé à l’enfant. Ne t’inquiète pas, tout va bien. Je ne sais pas ce que disent les autres mères à leur premier né, leurs premiers mots. Tout va bien mon petit écureuil, ne t’inquiète pas. Objectivement, tout n’allait pas bien mais le bien était là, vagissant légèrement dans son berceau de maternité, et nous étions vivants, ensemble. J’ai beaucoup parlé au fils aîné, sans jamais parvenir à le rassurer. Il est tout d’inquiétude et d’amour.
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