Franz Kafka est facétieux. L’autre jour, j’ai regardé une vidéo de François Bon, Histoire de la littérature, qui lui est consacrée. La chambre au retour du boulot, le cahier où écrire, l’oiseau géant qu’il faut nourrir, la porte jamais remarquée, l’inconnu qui entre ou le singe qui discourt, l’impression en regardant en écoutant la voix de François parfaitement claire, d’avoir ouvert une boîte merveilleuse bien qu’assez inquiétante d’où surgit le bric-à-brac des chefs-d’œuvre si bien ordonnés du grand praguois. J’avais un peu de temps et n’allais pas en rester sur ces deux seules minutes d’enchantement. J’ai cliqué sur une deuxième vidéo à propos d’un auteur argentin que j’affectionne aussi. Mais voilà qu’au lieu de mon histoire de la littérature, le son me renvoie l’écho des fonds marins, une sorte de mélopée des profondeurs océaniques dans laquelle François tout à son affaire faisait des mouvements de bras, déplait les mains, avançait le menton sous un visage animé par des paroles dont je n’entendais que de vagues échos au milieu des bouillons. Julio Cortàzar est facétieux, me suis-je dit, comme l’est François Bon dont on peut attendre toute surprise des expériences littéraires. Je me tourne un peu inquiète vers un auteur, je ne sais plus lequel, qu’un sérieux irréprochable protège des invraisemblances très réalistes. Mais revoici la musique marine, sac et ressac, chants des baleines et François s’activant comme immergé dans un bocal. Se sentir du mauvais côté du monde, celui des non-facétieux. Imaginer nos chers auteurs en suspension, évoluant dans les gouffres amers avec l’élégance des sirènes.
A regarder absolument : https://www.youtube.com/c/tierslivre