Il est probable que le secteur de la grosse édition et grande distribution de livres, abandonné par les investisseurs préférant se jeter sur des proies plus juteuses, s’effondre à terme sous le poids effarant de la surproduction. La plus grande part des livres produits ne trouve pas suffisamment d’acheteurs et s’en va nourrir le pilon, livres remplacés aussitôt par d’autres qui ne rencontreront pas mieux leurs lecteurs, seront détruits sans que ce gigantesque gâchis d’énergie et de papier ne trouble grand monde. Les libraires s’épuisent à mettre en place des nouveautés qui deviendront obsolètes en trois semaines et qu’il faudra renvoyer. Dans le carnage périssent de bons livres mais comment repérer l’aiguille dans la meule de foin quand ce qui compte c’est la vente de masse qui ne peut concerner, en littérature, qu’une poignée de titres, pas toujours les meilleurs? Un signe de l’inquiétude sourde sous l’apparente opulence des groupes est peut-être cette compulsion de racheter des maisons indépendantes qui ont le malheur de grossir un peu ou les droits sur certains de leurs titres qui “marchent”. On se demande ce qui restera de tout ça. Les petits éditeurs et éditrices à la sobriété de chameaux dont les chiffres d’affaire sont trop maigres pour attirer l’attention des prédateurs affamés?

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Thème : Overlay par Kaira.