Depuis un an j’enquête sur l’édition indépendante. Je pars des gens, ceux et celles qui font, j’interroge qui veut bien me répondre, beaucoup ont envie et aiment parler de leur métier. Quand on prête l’oreille aux histoires de vie, quelle richesse en chacun et chacune. Je suis songeuse et admirative de ces parcours qui n’ont rien du lisse ordonnancement d’un cv. Les enthousiasmes, les découvertes, les déceptions, les essais réussis, les ratages, tout apprend et fait mûrir sauf les batailles administratives, les bâtons dans les roues qu’affectionne l’état, obstacles imbéciles et stériles. Je ne sais pourquoi on met tôt dans la tête des enfants l’idée d’un déroulé de vie linéaire où les éléments s’enchaîneraient mécaniquement, une erreur commise à une étape et ta vie est foutue. Un dressage, évidemment, au contrôle de soi permanent, à la compétition comme unique modèle social. Mon fils aîné qui est peintre traverse depuis des années une période dépressive avec des moments où il est très mal, mais il n’a jamais arrêté de peindre. Il a été exclu de l’école des Beaux-Arts de Paris à cause de ses absences dues à sa maladie. Choqué sur le coup, il en a fait un cauchemar cette nuit, mais je le sens au fond soulagé. La chaîne de réussite scolaire s’est brisée, il va pouvoir enfin se donner la liberté d’être lui-même.

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Thème : Overlay par Kaira.