Pendant dix ans, j’ai eu une relation avec un homme manipulateur et violent. Violences physiques quelquefois mais toujours violences psychologiques dont je ressens encore les effets seize ans après la séparation. De cette liaison sont nés deux garçons intelligents, sensibles, superbes qui sont aujourd’hui de jeunes adultes. Si quelque chose de semblable au mouvement #meetoo avait existé à l’époque, ma vie en aurait été complètement changée. Je ne sais pas si j’aurais évité la relation toxique mais j’aurais eu les éléments pour l’analyser, en saisir les dangers, les signaux d’alerte, m’en libérer probablement plus tôt, en guérir mieux grâce à la parole des autres femmes. Je n’ai jamais caché à mes enfants que la cause de ma rupture avec leur père était sa violence. Mais c’est seulement maintenant, alors qu’ils atteignent l’âge adulte, qu’ils saisissent d’un coup toute la portée de ce qui leur était dit mais qu’ils n’étaient pas près à entendre. J’espère, je le crois, que ce que le mouvement #meetoo met au jour, ce qu’il dénonce mais aussi explique, leur permettra de mieux comprendre ce qui m’est arrivé, ce qui nous est arrivé, et qu’ils auront une vie libérée du poids de la violence du père.
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