Un post d’une amie sur des marronniers menacés d’abatage me rappelle deux hauts cèdres en pleine forme, l’un à Montreuil, l’autre à Vincennes, détruits parce que ces arbres gênaient la construction d’immeubles haut de gamme selon les promoteurs. Ville bourgeoise, ville populaire qui s’embourgeoise, le peu de nature rescapée des anciens jardins entourant les pavillons de ces communes autrefois maraîchères disparait, effacé par la spéculation immobilière. On devrait se souvenir de ces grands vieux arbres arrachés à la pelleteuse, ils sont comme ces maris frères amants tombés dans la boue sanglante du front, envoyés à la mort les mains nues. La guerre ici est non seulement celle de l’occupation de l’espace par les familles les plus aisées qui s’installent, rejetant plus loin les habitants et les habitantes historiques, mais celle aussi du climat dont nos décideurs font mine de se préoccuper tout en poursuivant l’urbanisation forcées de villes déjà suroccupées. Quand les bourgeois attirés par des communes aérées, diverses, encore relativement arborées se réveilleront dans un environnement entièrement minéral fait de blocs d’immeubles couteux et de rues sans arbres, ils se rendront peut-être compte de la supercherie avant de plier bagages pour aller reproduire le désastre ailleurs. Il sera trop tard pour sauver ce qui peut encore l’être, mais les promoteurs auront fait de l’argent. Quand le bâtiment va, tout va.
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