Elle a essayé les plantes, sans amélioration sensible; les hormones lui sont interdites. Il lui faut subir les bouffées de chaleur qui inondent son corps de la pointe des pieds à celle des cheveux si souvent qu’elle semble baigner toute la journée dans un bain de sueur abondante qui picote désagréablement la peau. Elle n’a jamais aimé son corps: la cinquantaine venue il se venge en lui renvoyant sa détestation par ces vagues de transpiration qui l’isolent du reste des gens. Le contact d’une peau moite, c’est l’horreur, se dit-elle en poussant la porte des bureaux. Ses yeux inquiets scrutent le couloir vivement éclairé où peut surgir le jeune chef, propre comme un poulain étrillé, un large sourire fendu sur ses dents éclatantes, qui viendra vers elle pour son habituel bonjour à la chaleur un peu forcée, la main droite tendue en avant. Le couloir est vide où elle se faufile jusqu’à son espace de travail. L’attend dans le meuble à tiroirs une boite de mouchoirs en papier avec lesquels elle s’éponge les paumes sans parvenir à les assécher totalement.

– Bonjour, Madame Sainpère.

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Thème : Overlay par Kaira.