En retrait, puisqu’on n’y peut rien changer : refuser au moins de participer. Etat d’esprit démissionnaire, faire a minima, faire semblant de faire ce qu’on nous demande contre salaire mais construire sa vie, la vraie, en marge. Ne même plus chercher à gagner un salaire, se démerder en autonomie. Petite maison à la campagne, potager et quelques poules. Au journal télévisé, on t’explique comment tu vas payer ta facture d’énergie très alourdie : à ton salaire de misère, tu ajouteras une poignée d’euros récoltée en livrant les courses du voisinage, ça devrait compenser, ce n’est pas négligeable. Il y a des applis pour ça : organiser la livraison des courses aux voisins et t’y envoyer contre une obole. T’as qu’à t’inscrire, finis les soucis de paiement du fioul. Mais toi, tu es parti. Dans la creuse ou en Bretagne. Au vert, petite maison, potager et les poules. Puisqu’on n’y peut rien changer, les laisser faire jusqu’à ce que ça s’écroule. Tout un réseau de résistance à bas bruit. On fait ce qu’on sait faire, ce qu’on aime faire, on gagne peu mais nos trois sous ne sentent pas le sang. Au fond du jardin, on surveille les courgettes sous leurs énormes feuilles, elles non plus ne doivent pas trop grandir, pas trop grossir : rester à taille humaine pendant que s’effondrent les géants.
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