Plongée de trois jours à Limoges où les gens se montrent aimables, ouverts, heureux de vous rencontrer et désireux d’engager des conversations. On prend le temps de se parler au salon des éditrices indépendantes, dans un ancien pavillon frigorifique style art nouveau. Plaisante aussi la découverte d’une ville où l’on vient pour la première fois, entre crainte de s’égarer et envie de se laisser surprendre, au risque de la déception, par ce qui se cache derrière les blocs de bâtiments. Ville paisible entre quartiers rénovés et rues sombres où des commerces sont abandonnés dans leur jus des années 70, réseau des avenues matérialisé dans l’air par les câbles bas du tramway dont j’aime l’enchevêtrement, gare pharaonesque. Au salon j’écoute visiteurs et visiteuses plus enclines à venir raconter leur propre histoire qu’à se lancer à lire les miennes. Au récit de l’une d’elle je prends conscience que nous nous trouvons en zone libre non loin de la ligne de démarcation. Son grand-père est revenu très affaibli de ses deux ans de détention en Allemagne au début de la guerre, il est mort à quarante-neuf ans laissant une veuve et huit enfants. J’évoque Marie Cappelle, combien la jeune mariée a souffert des médisances des habitants du Limousin à son époque, la première moitié du XIXe siècle. La visiteuse me répond qu’un siècle plus tard la médisance n’avait pas faibli : sa grand-mère, la veuve, que n’avait-on dit sur le fait qu’elle trouve refuge et protection chez le curé!
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