La violence de l’inégalité s’abat sur les enfants dans un silence cotonneux. Ils dorment, une fratrie dans un seul lit, sous le toit de plaques plus ou moins jointes bricolé par le père. Profondément ils dorment, leur tignasse brune dépassant des couvertures tirées jusque sous l’oreille. Ils dorment et le soleil peut-être frappant le carreau ou la pluie criblant le toit sonore ou la mère qui fait le café, les réveillera dans une heure ou deux, quand les autres enfants depuis longtemps, ceux qui accrochés à parent, baby-sitter, grand-mère ont déambulé dans la fraîcheur du matin tôt, passant de l’autre côté de la grille occultée par une bâche, longeant le terrain où bancale la maison au toit de plaques plus ou moins disjointes abrite les enfants qui dorment, sont à l’école. Ils s’éveilleront, frotteront leurs yeux, sautant du lit en riant ou pleurant, se chamailleront et joueront dans la poussière avec les jouets ramassés de-ci de-là, suivront leur mère à la récup ou à la manche, rentreront le soir venu sans que jamais personne ou presque ne s’avise du gouffre infini que leur absence ouvre dans les classes.
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