À l’extrême bord de la falaise. Une main pousse l’une ou l’autre dans le dos, le corps tombe, les épargnées détournent les yeux. Rien à voir en bas : un trou dans l’eau profonde, pas même un remuement dans l’éternel remuement de l’onde. Si je l’aide, se dit l’une, d’un discret croc-en-jambe ou par simple laisser faire, la main me sauvera, moi. On imagine : la main du diable. Mais pas de ça ici. Pas plus que de main divine surgissant des nuages pour offrir au pécheur sa rédemption. Marchant mécaniquement à l’extrême bord de la falaise, ne pas regarder du côté de l’abîme. Être positif, croire en sa chance, miser sur son mérite. Puisque les disparus sont tombés d’eux-mêmes, se soucier de sa propre survie. Puisque tu ne sais plus mordre, baiser la main qui demain t’écrasera.
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