Hier, profité d’un couple d’heures calmes, de solitude, d’éphémère suspension des catastrophes pour enregistrer un de mes textes. Pas en rester à l’audio mais monter une vidéo. Quatre minutes et trente seconde de film, c’est long. Je collecte peu à peu des images en faisant des photos que je traite en noir et blanc, désir d’économie de moyens: réaliser une vidéo à partir d’images fixes, d’images mots. Le montage, qui est un deuxième texte, ne doit pas répéter celui qui est lu mais lui faire écho avec sa propre logique, sa narration, ses effets. Je me lance, m’y connaissant très peu en cinéma, mieux en photo grâce à Gilles, mais du premier essai récent, une vidéo pour le beau texte d’une amie, j’ai entrevu l’intérêt de ce travail pour l’écriture. Je comprends que je me laisse trop bercer par le rythme, la sonorité des mots qui sont un écran de fumée dissimulant le plus important, le montage, l’articulation de la phrase, du paragraphe, du texte. Je n’ai pas assez étudié la poésie. Si la précision de l’écriture m’a toujours tenue, le lyrisme est le joueur de flûte qui me conduit là où je ne veux pas aller. Ne pas chercher le beau (comme il est facile le texte qui va faire s’écrier c’est beau aux commentateurs des réseaux sociaux), mais construire du solide, un texte qui tient, qui se tient et qui tire sa “beauté” de cette solidité-même. Curieuse de voir si, après avoir réalisé plusieurs vidéos, j’écris différemment. Je l’espère. Aller plus loin, ou plutôt : ailleurs.

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