L’hôpital on s’y retrouve; avec l’urgentiste on parle de la dernière fois qu’on était là, celle avant cette fois d’aujourd’hui qui deviendra celle d’avant la fois d’après. Plus d’illusion même si l’espoir, l’espoir toujours. Parmi les pieds écorchés, les séniles, les coudes douloureux, les genoux tordus. Les prostrés attendent leur tour le corps replié sur la chaise. La télé diffuse une émission idiote, les yeux reviennent dessus malgré qu’on les empêche. Pablo Escobar, son fin sourire au milieu des patraques quand le brancard des pompiers se fraie un passage jusqu’à la salle de premier examen. Tu reconnais l’équipe qui vous a amenés. Pour leur mère malade, des enfants, la soixantaine, organisent un week-end à Zuydcoote. Ils rient. La blessée du brancard se lève, veut partir, se fâche contre la pompière lâche-moi cousine c’est bon là. Lui aussi voulait partir, avec ton corps de mère tu as retenu celui du fils, corps à corps. Il tombe. Les gens s’inquiètent appellent l’urgentiste. Elle l’emmène derrière la double porte menant aux salles de soin. La fois d’avant: 14 juillet, pas de Pablo Escobar mais le défilé. Infirmières, aides-soignantes penchées sur l’écran de l’ordi, identifiant les corps d’armée, ravies quand tel ou tel passe. Fête nationale à l’hôpital militaire. Tu calcules : ça fait 48 jours.

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